Dans notre parcours pour cerner l’absolu, la certitude représente, après l’Etre, la deuxième grande étape, bien qu’il s’agisse là d’un concept bien moins fréquenté et même en soi relativement peu étudié. Peut-être, à ce titre, le lecteur éprouvera-t-il d’ailleurs quelque difficulté à entendre parler ci-après de « la » certitude, quand on ne connaît en général que des certitudes ; lesquelles diffèrent en fonction de l’objet auquel elles sont attachées : la certitude qui accompagne un vague souvenir n’est pas celle avec laquelle nous disons que 2+2 font 4.
Le problème de l’Etre nous renvoyait à une question : comment rendre compte de ce qui est absolu et ne peut, à ce titre, être caractérisé ? Nous l’avons vu, un sentiment (l’amour), une attitude (le silence) et une espérance (la foi) peuvent chacun à leur façon tenter de saisir ce qui ne peut être effectivement dit. L’examen de chacune de ces figures, cependant, nous a conduit à prendre en considération la suivante et la dernière d’entre elles, la croyance, nous amène à présent à interroger la certitude avec laquelle il nous est loisible de nous prononcer sur le monde. Le problème est ainsi maintenant de savoir sous quelles conditions nos certitudes sont à même de nous délivrer quelque vérité.
Cela, nous allons l’appréhender ci-après à travers trois thèmes très éloignés : la magie, la phénoménologie et la logique formelle et déductive. Chacun de ces thèmes peut être considéré – et lu ci-après – indépendamment des deux autres. Pour autant, il est intéressant de les rapprocher, car tous trois tournent finalement autour d’une même question : existe-t-il une vérité en soi, condition de toutes nos certitudes ? Nous allons essayer d’y répondre en envisageant successivement : I) la magie et la création de valeurs, notamment marchandes ; II) le monde de la vie. La phénoménologie & III) certitude et vérité.