Le monde de la vie. La phénoménologie (1. 6. 13. / 1. 6. 17.)

La phénoménologie offre l’exemple d’une pensée qui fonde toute vérité sur une certitude première. Non pas une philosophie de la conscience mais de l’évidence, que nous allons à présent examiner. Ceci en deux temps : A) La phénoménologie, où nous présenterons la démarche husserlienne, avec un détour par Descartes et Jacobi. B) La transcendance du monde où, avec Maurice Merleau-Ponty, nous nous intéresserons à quelques prolongements de la phénoménologie husserlienne.

Prévenons-en d’emblée : tout cette section est difficile. C’est que Husserl atteint un niveau de technicité, de précision et de richesse dont la philosophie offre peu d’exemples. Aussi la présente section requiert-elle une lecture attentive, tandis qu’il aurait été hors de proportion et finalement assez absurde de tenter de « traduire » les concepts husserliens en un langage plus commun. C’est là en fait toute la difficulté de la phénoménologie, dont nous nous permettrons de discuter les attendus et dont nous mettrons en question la volonté de faire de la philosophie une science rigoureuse car certaine ; la tentative de rendre évident et donc entièrement intelligible « ce que signifie que l’objectivité soit », comme écrit Husserl (La philosophie comme science rigoureuse, 1911, p. 29). C’est-à-dire de saisir chaque objet dans son essence en bâtissant une « phénoménologie », une science de la conscience en tant que c’est pour elle que s’établit toute objectivité et donc une vision des essences des choses, données en toute clarté (p. 48). La plus essentielle de toutes les connaissances, ne reposant pas sur l’expérience, encore moins sur l’introspection mais sur des actes de jugement et définissant un système de connaissance absolue et universellement valable (pp. 50-51). Une science permettant enfin de clore les interminables disputes dans lesquelles se perd la réflexion philosophique et scientifique – car Husserl, souligne Jacques Derrida, a toujours marqué son aversion pour le débat, le dilemme, l’aporie, non seulement en philosophie mais même dans les sciences empiriques.

Consulter/Télécharger le texte (30 pages)La certitude II

Sommaire :

 A) La phénoménologie

Le monde des évidences originaires. Les horizons d’objet. L’aspiration à la certitude première. Le fidéisme. Le retour à Descartes. Le cogito cartésien. La méthode. Le savoir absolu. Présentation plus générale de la phénoménologie husserlienne. Le reproche de psychologisme. La réduction. Rapprochement avec le cubisme. L’intentionnalité. L’évidence fondatrice.

B) La transcendance du monde

Merleau-Ponty. La chair et le chiasme. Autrui est ma certitude. L’opacité de notre Parole.

R674

Paul Cézanne Nature morte aux pommes, 1890.