II. 3. Les sociétés animales (3. 2. 32./3. 2. 35.)

Il y a peu de spectacles aussi fascinants que celui offert par une colonie d’insectes – et particulièrement de fourmis, les plus faciles à observer. Peu d’animaux laissent moins indifférent que les fourmis. Elles représentent l’exemple le plus frappant sans doute d’une organisation non humaine. En marche, cette multitude de petits automates a quelque chose d’une usine et d’une armée. Une impression de sérieux, de détermination résolue naît de les voir à la tâche et il est dès lors difficile de ne pas croire à leur intelligence. Aucune fourmis, cependant, ne paraît commander et, à y bien regarder, les mouvements ne sont pas tellement coordonnés. Chacune va son chemin… Ce qui impressionne dans ce spectacle c’est au fond de découvrir la vie comme volonté, résolution, animant dans le même sens des individus distincts.

Face à la fourmilière, la question de l’animal ne peut manquer de se poser : simple représentant d’une espèce ou sujet individué ? Cette question se pose à travers d’autres, inévitables : les fourmis forment-elles un seul individu ? Disposent-elles chacune de quelque autonomie ? Sont-elles guidées par une sorte d’âme collective ? Nous-mêmes qui nous croyons libres sommes-nous guidés par d’aveugles instincts ? Ce n’est pas par hasard si la sociobiologie, qui répond pratiquement par l’affirmative à cette dernière question, a été formulée par un entomologiste.

En fait, une spontanéité individuelle s’exprime bien dans la fourmilière et y joue même un rôle déterminant. Cela fut reconnu de manière relativement récente. Et cela nous oblige, face à un animal comme la fourmi, à reconnaître une subjectivité non consciente d’elle-même ; après que la notion d’instinct nous ait conduit à reconnaître une pensée non pensée. Une conscience et une pensée qui sont sans retour sur soi. Voilà, à ce stade, ce que nous devons au moins accorder à un animal comme la fourmi. Elles pensent et possèdent une individualité. Mais nous seuls le savons. En ce sens, elles existent à travers nous. Elles nous doivent la moitié de leur être ! De là notre fascination à les observer. Dès lors que nous retrouvons en elles des mobiles que nous pouvons comprendre, sinon partager, elles font de nous comme des dieux !

Ci-après, nous traiterons successivement de : A) l’eusocialité. C’est ici que nous observerons nos fourmis & B) la génétique et l’évolution : les insectes sociaux nous amenant à reposer encore une fois la question de l’évolution, notamment sous l’angle de la transmission génétique de comportements comme l’entraide.

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            A) L’eusocialité

Diversité des formes de coexistence et de coopération animale. La notion d’eusociété. Vie et mœurs des fourmis. La danse des abeilles. Communautés (point de vue organiciste) ou sociétés (point de vue individualiste) animales ? Le comportement des insectes sociaux, quoique précisément ajusté, peut être largement inutile et non-intentionnel. La stigmergie;

   B) La génétique contre l’évolution

Le problème de l’altruisme. La règle d’Hamilton. La sociobiologie. Tout n’est-il qu’affaire de survie des gènes ? Le darwinisme : retour et fin.

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Vol d’étourneaux en Ecosse.